Les personnes tirant l’essentiel ou une partie de leurs revenus d’une activité non salariée sont bien plus nombreuses que ne le laisse penser les statistiques officielles. Selon une étude du cabinet McKinsey, elles représentent un quart des Français de plus de 15 ans.
La France compte un peu plus de 26 millions de salariés. Bien plus donc que de travailleurs indépendants. Mais ces actifs qui, en échange d’une prestation, perçoivent une rémunération autre qu’un salaire sont tout de même plus nombreux que les statistiques officielles ne le suggèrent. Selon l’Insee, 2,7 millions de personnes exercent leur métier de façon indépendante. Mais si on en croit un sondage réalisé par le cabinet de conseil McKinsey, ils seraient près de cinq fois plus, soit 13 millions de personnes, soit un quart des Français âgés de plus de 15 ans.
Il est vrai que la définition retenue par le cabinet est plutôt large: est considérée comme travailleur indépendant toute personne autonome dans son travail, qui a des relations contractuelles ponctuelles avec ses clients et se voit payée à la tâche, Aussi bien pour des services ou que la vente ou la location de biens. Figurent donc évidemment dans cette catégorie les avocats, les médecins, les écrivains, les architectes ainsi que les auto-entrepreneurs. Mais les critères retenus par le cabinet américain permettent aussi de comptabiliser les personnes qui vendent leur création sur la plateforme Etsy ou encore celles qui louent leur maison, leur appartement ou juste une chambre via Airbnb, même de façon très ponctuelle. Ces plate-formes sont d’ailleurs désignées comme la principale source de croissance du nombre des travailleurs indépendants.
8 millions de Français en tirent des revenus d’appoint
Dans les faits, 5 millions de travailleurs en tirent leur revenu principal et 8 millions se contentent par ce biais, de compléter leur salaire. L’étude met à mal d’autres idées reçues: la génération Y n’est ainsi pas surreprésentée dans cette catégorie. Alors que l’on présente toujours les jeunes de moins de 25 ans comme désireux de ne pas se lier à une entreprise et qu’on les sait volontiers adeptes des plates-formes collaboratives, ils ne représentent que 22% des indépendants en France.
Les plus de 65 ans qui optent pour ce complément de retraite sont eux plus nombreux qu’on pourrait le penser. 7% d’entre eux peuvent être considérés comme des travailleurs indépendants selon la définition de McKinsey.
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La communauté des travailleurs indépendants est en pleine expansion
Selon le Haut Conseil pour le Financement de la Protection Sociale, le travailleur indépendant de 2017 serait plus majoritairement un homme, âgé en moyenne de 46 ans, diplômé du supérieur et exerçant dans le secteur des services aux entreprises. Le travailleur indépendant moyen gagnerait environ 38 280 euros par an et serait en mesure de prendre sa retraite, seulement quelques mois après un salarié lambda. L’image du travailleur indépendant en France paraît de plus en plus sécure rassurant ainsi davantage les personnes désireuses de lancer leur activité en autonomie. Le développement de la communauté des travailleurs indépendants est favorisé par l’essor de nouvelles plateformes de mise en relation entre entreprises, particuliers et indépendants.
Selon la définition officielle publiée sur le site du gouvernement, « les travailleurs indépendants sont des personnes qui exercent à leur compte une activité économique, en supportant les risques de cette activité et en s’appropriant les profits éventuels qu’elle peut générer. Ils sont autonomes dans l’organisation de leur travail (horaires, dates, moyens mis en œuvre…), et ne se trouvent pas, à la différence d’un personnel salarié, dans une situation de subordination juridique à l’égard de la personne avec laquelle ils contractent. Ils relèvent par ailleurs d’un régime spécifique de protection sociale (régime dit « des travailleurs non-salariés non agricoles »), distinct du régime général, et leur intervention ne s’inscrit pas dans le cadre des règles fixées par le Code du travail. »
Une majorité de travailleurs indépendants choisissent le statut d’auto-entrepreneur. Du fait d’une conjoncture économique tendue sur le marché de l’emploi, de plus en plus de Français décident de créer leur propre activité pour s’assurer un revenu principal ou pour compléter les revenus d’un emploi salarié. Ainsi, sur les 2,8 millions d’entrepreneurs que recense l’hexagone, ils sont plus d’un million à avoir opté pour le statut d’auto-entrepreneur, considéré comme un régime social simplifié imposant un plafond de chiffre d’affaires annuel à ne pas dépasser. Le chiffre d’affaires réalisé par les auto-entrepreneurs varie fortement en fonction de leur domaine d’activité et de leur localisation géographique. Quand certains auto-entrepreneurs proposant des services aux entreprises peuvent atteindre le plafond fixé par la réglementation, d’autres quant à eux, peinent à dégager un chiffre d’affaires dépassant les quelques centaines d’euros par mois.
Comparativement aux États-Unis, où 53 millions de travailleurs sont indépendants, représentant plus de 35% de la population active du pays, la France reste loin derrière malgré l’augmentation constante du nombre de travailleurs indépendants. Les besoins des entreprises ont changé et elles n’hésitent plus à faire appel à un travailleur indépendant pour tous types de missions. Ainsi, il n’est pas rare de voir une entreprise confier à un travailleur indépendant la maintenance de ses locaux, de manière ponctuelle en fonction des besoins, et en parallèle confier à un développeur informatique, la précieuse refonte de son site internet.
Une flexibilité qui séduit les travailleurs indépendants et les entreprises
La flexibilité permise par le statut de travailleur indépendant séduit de plus en plus d’entreprises qui y voient une excellente variable d’ajustement de leur masse salariale, pouvant ponctuellement être renforcée sans difficultés ou contraintes juridiques liées à la rigidité du statut de salarié.
Faire appel à des travailleurs indépendants représente une solution de recrutement plus souple qu’une embauche classique de salariés. La mise en place ponctuelle ou temporaire d’un projet peut nécessiter le renfort d’un expert durant un temps déterminé qui n’exige pas un contrat salarié. De plus, les travailleurs indépendants viennent également répondre aux difficultés de recrutement rencontrées par certaines entreprises, notamment sur des profils très spécifiques, à haute valeur ajoutée et extrêmement rares sur le marché. C’est le cas des développeurs informatique indépendants qui sont très recherchés sur le marché, pour des missions ponctuelles allant d’une journée à quelques mois. Les travailleurs indépendants évoquent également la possibilité de travailler sur des projets intéressants et stimulants, parfois en complément de leur activité salariée. Ainsi, selon un récent baromètre du moral des freelances, réalisé par Hopwork, l’une des plateformes leaders dans la mise en relation de travailleurs indépendants et d’entreprises, ils ne sont que 4% à déclarer vouloir retourner vers un emploi salarié à temps plein ! De plus, ils sont 65% à déclarer mieux gagner leur vie depuis leur passage au statut de travailleur indépendant.
Au regard des annonces récentes faites par le gouvernement Macron, quels sont les changements auxquels doivent s’attendre les travailleurs indépendants pour 2018 ????